Tale of Childhood

Exposition de “Varg e Vi”, association d’art contemporain, Gjilan (Kosovo).Du 17 janvier au 07 février 2015 / Collectif d’En Face, 49, rue Saint- Vivien, Rouen (France).

Tale of Childhood -“Se faire des histoires de son enfance” ou “L’enfance se raconte des contes” aurait pu être le titre de l’exposition présentée par le groupe ‘Varg e Vi’, actif en République du Kosovo depuis 2010. Le centre d’Art contemporain est basé à Gjilan, une des principales villes (plus de 100.000 âmes) située au sud-est du pays, issu de l’ancienne Yougoslavie.Six de ses artistes présentent selon leurs media respectifs un travail original de représentation de l’enfance telle qu’en chacun elle peut être est mythifiée, nous fondant en retour.Le groupe ‘Varg e Vi’ (nom intraduisible alliant suite de poèmes et trait, soit ‘De poésie en ligne’), montre comme son pays une volonté à se tourner vers l’Europe et au- delà – certains de ses membres ayant exposé à New York ou Bankgok – par le titre notamment qu’il a voulu en anglais.La mobilité pour autant d’artistes hors Communauté européenne n’est pas évidente et le parti-pris d’un échange d’oeuvres, au sens épistolaire, selon un protocole de mise à disposition de fichiers numériques a été conclu avec le Collectif d’En Face qui a mis l’espace de son atelier, local d’exposition à disposition. L’hôte s’engage à présenter l’exposition préparée au Kosovo par ses propres moyens dans le respect des oeuvres envoyées.Le Collectif vient ainsi ouvrir une première fois le local à l’international pour le développement d’échanges avec structures ou artistes d’autres horizons comme cela se fait pour l’apprentissage d’une langue étrangère. La culture du pays compte tout autant pour s’exprimer dans une langue. Artistiquement, cela revient à enrichir aussi son langage.Cette approche par le biais d’un ‘jeune’ pays peu connu apporte une fraicheur, pas seulement par la candeur du thème abordé qui confine à l’universel, parle à chacun. L’oeuvre, n’importe le moyen , est une adresse au coeur et au sensible de tous.Reste au spectateur de pièces venues d’outre-notre petit monde et de l’accrochage proposé à investir un autre monde, se conter ses propres histoires, élargir sa vision comme l’enfant entretenu d’histoires tissées de mots tirés de chaque culture et qui ainsi s’élève.Les Artistes dans le lieu:I – Artan Hajrullahu II- DinAziziIII – Kushtrim Zekiri IV – Avni RudakuV – Besim Baftiu VI – Jeton MujaAnton Shkodra, autre membre de ‘Varg e Vi’, non présent proposait une performance.Dans le sens inverse des aiguilles d’une montre à aiguilles ou en suivant l’ombre du cadran solaire d’en face:IArtan Hajrullahu Daily life and the Nostalgia DessinsNé en 1979 (Gjilan), a exposé notamment au Musée national de Tirana (Albanie) en 2006, en Macédoine (Skopje) et la Galerie d’Art nationale du Kosovo (Pristina) en 2010.Au travers de scènes de genre – la vie de tous les jours -,les dessins présentés sur carton confrontent objets usuelsde la campagne où l’artiste a grandi et vit et l’humaindans une démarche plus poétique que folkorique,empreinte d’un temps retrouvé qui résonne en tous: la plume d’oie de Marcel Proust troquée pour un crayon à la mine plus que rurale. Accent parlé venu du plus for, du tréfonds de nous-mêmes, des origines du monde, de tout le monde.IINé en 1982 (Gjilan). Issu de la faculté d’Art graphique de Pristina , a notamment exposé à la Galerie Nationale de la capitale du (Kosovo)L’affiche grand format pour restituer l’installation que l’artiste a imaginé, alliant le ‘Beshik’, traditionnel berceau albanais à un vieux poste radio cloué au mur de béton armé nu tout autant. Din Azizi reprend une tradition familiale qui lui apprit que ses parents pour l’endormir mettaient la radio ânonnant la musique traditionelle albanaise, rôle de la berceuse fredonnée ou de la contine – justement – sussurée au bord du berceau qu’on remue doucement.Tradition plus encore le bébé langé à son berceau de bois: choc culturel quand fin XXème siècle à la faveur de l’émigration kosovare forcée, on découvre la coutume accusée de causer des lésions orthopédiques. Eh les enmaillotages existaient par chez nous au temps des fables et des contes.IIIKushtrim ZekiriWatch it with the open eyes because you could have only have seen it with the closed eyesVideoNé en 1988 (Gjilan) , a exposé notamment en Suisse (Zurich), Thaïlande (Bangkok), Kosovo (Pristina)L’artiste nous montre à voir ce qu’enfant il s’amusait à regarder, la trace mouvante de la ‘tache’ qui reste derrière les paupières après avoir en face fixé plein soleil (non conseillé) ou autre source et s’aveugler momentanément. Alors, être au spectacle de l’ineffable appelé phosphène. Se faire des fables du suivi des éblouissantes mouches engendrées comme un exercice d’Ecole (à méditer).Din Azizi Sans titreInstallationIVAvni Rudaku Who Had The Ball, also had the ”balls” in our neighbourhoodPoésieNé en 1984 à Gjilan où il vit, psychologue reconnu, sociologue, critique d’art et littéraire, chroniqueur au quotidien”KOSOVA SOT”, correcteur-éditeur et poète: il a publié deux recueils de poésie, “Poetry breathtaking” (2010) and “Without inspiration” (2011).Placardé au mur au pochoir, le titre d’un poème comme un aphorime claque. Il peut se traduire par ‘Qui a la balle a les couilles dans le quartier’. Sinon que l’anglais dans ses pauvreté et crudité de langage emploie le même mot de “ball” qui donne foot-ball et “balls”. Le poème en substance évoque respect et soumission des petits camarades de jeu au détenteur d’une bête balle (celle offerte par un père travaillant en Allemagne). Comme la balle-projectile, on a là l’arme – psychologique – qui donne implicite la puissance, virile en substance. Celui qui “a” la balle marque, on le prend dans son équipe car s’il part mauvais joueur, on ne joue plus. Avoir c’est être: le dur apprentissage des cours. Sinon que le poème débute par “Pauvreté comme un royaume”…VBesim Baftiu ‘The Peter Pan Concept’MusiqueNé en 1980 à Gjilan, guitariste de groupe, arrangeur, producteur, compositeur, “dessinateur de sons”, organisateur de sessions de travail de batterie et percussions au Centre d’Art Contemporain ’’Varg e vi’’, détient un Power Studio.L’artiste enfant rêvant de se métamorphoser en Peter Pan, le petit héros duconte londonien de J.M. Barrie, alors qu’il ne parvenait pas à s’endormir ressassant ses questions sur le sens de la vie et la marche du monde a cherché à résoudre ses vieux conflits intérieurs en sons. Résolution du complexe de Peter Pan à travers la création.VINé en 1983 (Gjilan), issu de la faculté d’Art de Pristina, a exposé à Pristina et à l’étranger: Serbie, France (Paris, Rouen, Maubeuge), Belgique (Oburg), Macédoine (Skopje), Norvège.Muja footballeur lui-même dans l’enfance remonte le temps de l’histoire familiale; un frère professionnel au Kosovo comme le père lui tiennent à coeur et forment avec sa médaille un tryptique qu’il qualifie de ”couronnement de succès au travers des générations”. L’objet-portrait dans sa singulière naïveté de récompense, ô combien symbolique au temps du communisme (même titiste, la Yougoslavie de Tito dont le Kosovo faisait partie après guerre réputée moins dur que les régimes sous ‘tutelle’ soviétique empruntait aux mêmes codes), ramène cependant à une enfance du sport dont l’Occident peut se souvenir. Comme la beauté du geste, les actes gratuits grandissent l’enfant bien vite homme. V.VentidueJeton Muja sans titre Photos.

Alternative space for contemporary  art ‘ Collectiv d’En Face